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Writer's pictureIrakoze

"Basé böse" ou la dictature de l’uniforme



Dans de nombreux pays comme le mien, le port de l’uniforme est obligatoire dans presque tous les établissements scolaires. Et comme tout le monde, j’en ai porté un à l’école primaire et secondaire. Cette politique a, selon moi, des avantages et des inconvénients.


En effet, ces jupes et chemises, pantalons ou culottes ont des couleurs qui nous unissent et nous distinguent à la fois. L’un des avantages de l’uniforme est la réduction des différences socio-économiques sur les bancs de l’école ainsi qu’un sens d’appartenance et d’unité chez les élèves. Cette appartenance est devenue pour moi, une identité. Je me présentais : « Mon nom est Irakoze et je vais à telle école ».


A l’école primaire et surtout à l’école secondaire, on a cette envie de se faire accepter par les autres de peur de se sentir « left-out ». On veut parler, marcher et être comme l’élève la/le plus cool du lycée, faire partie de sa clique et être invité à ses house-parties. Et très souvent on ne sait même pas qui nous sommes. Toutefois, je garde de beaux souvenirs de mes années lycées ; j’ai fait des belles rencontres et eu plusieurs enseignants bien brillants. Cependant, mes passions, l’expression de ma personnalité et mes talents, n’y ont pas été aiguisés.


La chorale, et puis c’est tout


Depuis toute petite, comme la plupart des enfants de mon quartier, mes activités parascolaires étaient la chorale, et puis c’est tout. La chorale était et restera un bon encadrement, bien que faire la musique comme carrière ne m’a jamais vraiment intéressé. Ah si, presque ! J’avais 14 ans quand j’ai écrit ma première chanson. Une année plus tard, Louez l’Eternel passait sur une ou deux radios locales durant quelques semaines. Chaque fois qu’un choriste entendait la chanson, on s’envoyait des textos pour alerter tout le monde, à l’époque les Whatsapp groups n’existaient même pas. Plus d’une fois j’ai capté la chaîne juste après que le DJ eut décidé de changer de chanson. La déception !


Je profite d’ailleurs de cette tribune pour dire merci aux amis et membres de la chorale Ab’Uhoraho de Kinindo. On était un groupe d’ados, pleins d’énergie et de rêves certains moins réalistes que d’autres mais nos ainés ont cru en nous et nous encourageaient.


Des choix par dépit…à tort


Les années passaient et à l’école bien que j’eusse au-dessus de la moyenne, le cours de Maths m’ennuyait, l’Économie m’intéressait, l’Histoire me fascinait et j’adorais Utwâtuzo¹. J’ai donc fait les lettres modernes rien que pour fuir les sciences. Et pourtant ! Je n’avais pas de plan de carrière. Parfois je me demande si grandir et vivre dans un pays où la stabilité et la sécurité manquent, ne réduit pas le sens et l’espace pour la créativité et les projections d’avenir ?


Un peu après le lycée, j’ai découvert la poésie, la lecture et l’écriture. Timidement je me suis mise à écrire des petits mots, puis des souhaits qui sont devenus des poèmes. Ceux qui me lisaient m'encourageaient mais je doutais. Je doutais car avoir été conditionnée à me fondre dans la foule m’a mise dans une zone de confort. Cette zone de confort me laissait croire que faire quelque chose de peu orthodoxe rimait avec prétention. J’avais tort.


Irakoze for real


Irakoze for real est donc une manière de sortir de mon coin sans uniforme. De partager avec vous mes mots, mes inspirations, ma personnalité. Si un jour je découvre d’autres affections, je désire que vous qui me lisez, mes proches, mes petits neveux et nièces sachiez qu’au-delà d’avoir porté l’uniforme et un nom aussi commun que le mien, je prenais aussi plaisir à écrire quand personne n’écoutait.


Porter l’uniforme nous donne un sens d’appartenance et d’unité. Mais ces uniformes varient aussi d’un établissement à un autre. Comme chaque établissement a une structure et une culture différente, on a tous aussi cette touche divine qui nous différencie pour une raison – rendre gloire à Dieu dans toute notre diversité. Je suis donc bien heureuse d’être ici et de l’être avec vous qui me lisez. J’espère aussi apprendre avec vous.


Pour la petite histoire derrière le nom de ce blog, mes parents m’ont nommée Irakoze. Bien des années plus tard, une amie m’a avoué avoir trouvé un cadeau céleste en moi. ¨Irakoze for real¨², s’est-elle alors exclamée en référence à Dieu et à mon nom. Lorsque je me suis enfin décidée de commencer ce projet, j’ai béni le Seigneur pour le pas franchi et je n’ai pas trouvé mieux–Irakoze for real!

N’ijwi ryuzuye urukundo,


Irakoze

 

¹ Les accents en Kirundi

² Pour de vrai, Dieu merci

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